En résonance avec la riche exposition consacrée au Hip-Hop à la Cité de La Musique
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/23375-hip-hop-360
et à la demande des lycéens et étudiants qui souhaitaient un focus sur le rap, nous avons sollicité un élève de terminale, qui avait déjà créé un morceau de rap dans le cadre d’un travail scolaire en LLCE (expo TREES), de proposer un extrait pour ce mois de mai, en avant-première des Têtes de l’Art du mois de juin, en quelque sorte.
L’extrait de Big Boy créée par Wa2 instagram @iamwatou
Le rap français, une identité propre
Catalyseur, haut-parleur, révélateur d’une rébellion, d’un malaise, de problématiques d’intégration, de ségrégation raciale, de la violence? Les thèses varient en France, sur le Vieux Continent comme ailleurs sur l’écho dont s’est fait le rap. Reste que la France est vite devenue l’un des rares pays d’Europe où, dans les années 1990, la culture hip-hop s’est durablement enracinée. En termes de ventes de disques d’abord, sur un plan socio-culturel ensuite.
Si les banlieues melting-pot de l’Hexagone (ou de Suisse romande) ne ressemblent pas vraiment aux ghettos noirs de l’Amérique, le phénomène hip-hop se traduit dans la patrie des droits de l’homme par une identité qui lui est propre. Métissage également de sons, de musiques et de racines, le rap made in France se démarque du modèle américain en cultivant une verve poétique et politique. Un style qui s’inscrit aussi dans la tradition de la chanson à texte rimée.
La première compilation, «Rappattitude», millésimée 1990, offre un panorama naissant des scansions en français. Le disque accueille l’un des fleurons du mouvement, Suprême NTM (Nique Ta Mère), représentant de la tendance dure, hardcore. Joey Starr et Kool Shen y signent «Je rappe». Un an plus tard paraît le premier album hargneux de NTM, Authentic. Avant Paris sous les bombes et J’appuie sur la gâchette, contenant le célèbre morceau jugé outrageux: «Police». Des raps mus par l’urgence, verbale et musicale, seul moteur avoué encore huit ans après la fin de l’aventure NTM par un Joey Starr dont l’album solo vient encore de faire grand bruit. Pour cause de censure d’une version personnelle du «Gorille» de Brassens (LT des 21.10.06 et 2.11.06).
«Avec NTM, on faisait du militantisme depuis le début sans réellement savoir ce qu’on faisait. Parmi nos trois premiers morceaux édités, on chantait «Quelle chance d’habiter la France» et «Le monde de demain», qui évoquaient déjà les problématiques actuelles», se souvient Didier Morville, alias Joey Starr. Pas grand-chose n’a changé depuis sur le front des politiques mises en place. Personne n’a jamais voulu entendre les avertissements de jeunes graffeurs et breakdancers de Saint-Denis (93) convertis au rap. Pas plus que les sonnettes d’alarme tirées par les suiveurs immédiats tels qu’Assassin, IAM, Les Sages Poètes de la Rue, Ministère A.M.E.R (au temps où Stomy Bugsy, Doc Ginéco et Menelik étaient crédibles). Pas assez sérieuses auprès des politiques les voix de ces laissés-pour-compte qui offraient une édifiante radiographie de statuts sociaux pourrissants. Les cités perdues le sont plus cruellement désormais, sauf que la victimisation s’est substituée à la contestation comme état d’esprit dominant.
Pour le slameur français Abd Al Malik, qui a transcendé sa condition grâce au rap, «la culture hip-hop est la culture par excellence du XXIe siècle: un sampler vivant. Les sources du hip-hop sont celles de la tolérance, des passerelles culturelles, de toutes les hybridations musicales.» Il s’agit de «s’extirper absolument du rôle de victime». Agir, prendre position, militer mais sans juger. «Les rappeurs ne sont pas des animateurs sociaux derrière un micro. Mais des artistes à part entière. A ce titre, ils ont une responsabilité capitale.»
source : https://www.letemps.ch/culture/rap-francais-une-identite-propre
Histoire du rap
Le rap est né au sein de la culture hip-hop dans les ghettos noirs de États-Unis vers la fin des années 1970. On lui attribue plusieurs origines. Certains remontent jusqu’aux griots africains, mais c’est le spoken word des Last Poets de New York (début 1970) qui annonce la diction du rap, relayée par le toasting (commentaire parlé) des DJ jamaïquains sur fond de musique instrumentale. Les premiers succès estampillés rap (Rapper’s Delight, Sugarhill Gang, 1979) ont plus à voir avec le funk qu’avec le reggae, mais c’est la pratique du mix (voix du DJ + rythme) qui fixe les canons du rap et ses développements. Début 1980, le rap s’allie à la culture de rue (hip-hop*) et adopte le style de texte cru qu’on lui connaît : à l’époque, il passe plus pour une expression du ghetto que pour un genre musical. Aux États-Unis, sa diffusion s’affirme à la fin des années 1980, avec notamment le style gangsta de la côte ouest, plus graveleux, largement repris sur les ondes (Too Short, Ice T, N.W.A.).
En France, il apparaît à la télévision en 1984 (émission « Hip-Hop » de Sidney) et sur des radios libres (Skyrock). Il sort de la marginalité en devenant francophone au cours des années 1980, se diversifie et se professionnalise dans la décennie suivante : le hardcore de NTM et IAM est diffusé par de grandes maisons de disques aussi bien que le rap soft de MC Solaar. Les années 2000 sont marquées en France par une recherche d’indépendance qui fait du rap la musique qui repose le plus, pour sa diffusion, sur les réseaux sociaux et Internet.
Source :https://www.cairn.info/magazine-les-grands-dossiers-des-sciences-humaines-2012-3-page-28.html
Pour approfondir ses connaissances sur le rap et la culture hip-hop
https://www.cadenceinfo.com/histoire-du-rap-un-melange-de-cultures.htm
https://www.lumni.fr/dossier/le-hip-hop-une-culture-urbaine
https://www.franceculture.fr/dossiers/rap-francais-grands-entretiens
https://www.franceculture.fr/theme/rap
http://www.slate.fr/dossier/44447/rap-francais
Pour découvrir les jeunes talents nantais, les vidéos du collectif Packés :
https://www.youtube.com/watch?v=UsRKMNpc2hY
Pour illustrer la culture hip-hop en région, le Sneakers Day’s à Saint-Nazaire le 21 et 22 mai 2022