La Sonnerie d’Avril 2021 :
un extrait du Salve Regina de Pergolese extrait de la bande-son du film Farinelli, réalisé par Gérard Corbiau (1994).
Thème ? Les diverses interventions prévues dans le cadre de la semaine Deviens-toi ont dû être annulées, ne restera que La Journée de la Jupe en Mai, . . . ainsi que les extraits choisis pour les sonneries d’avril et mai.
Qui chante dans l’extrait de la sonnerie d’Avril ? Un homme ou une femme ?
La réponse est un homme, le contre-ténor Derek Lee Ragin, et une femme, la soprano-colorature Ewa Malas-Godlewska, c’est-à-dire les deux tessitures les plus aiguës de chaque. Dans le but de s’approcher de ce que fut une voix de castrat, c’est L’IRCAM ( L’institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) qui a assuré la symbiose des deux voix. Musique : ‘Les talents Lyriques’ direction Christophe Rousset.
Farinelli, le film. Evidemment, l’acteur qui incarne Farinelli n’est pas non plus celui qui chante.. Ainsi le personnage éponyme du film est-il le fruit d’une complexe composition de trois personnes. Ce film est une histoire romancée de Farinelli, le plus célèbre castrat du XVIIIème siècle, (ambitus de 3 octaves et grande maîtrise de l’art du chant et de la musique, popularité inégalée tirant des larmes de ses publics). L’ambiguïté du personnage du film et des castrats en général pose en elle-même un défi au ‘devenir-soi’.
La Castrat-Mania : art et barbarie ? « Jusqu’au XIXe siècle, les femmes ne sont pas autorisées à chanter dans les églises. Il revient donc aux hommes (enfants ou adultes) d’interpréter les lignes aiguës des partitions religieuses. Certains utilisent leur voix de tête, dite de fausset (on les appelle les falsettistes), tandis que d’autres se soumettent à une solution plus radicale : la castration. Cependant le recours aux castrats pour la musique d’Eglise ne suffit pas à expliquer l’engouement des XVIIe et XVIIIe siècles pour ces voix. Car c’est sur les scènes d’opéra (et non dans les lieux de culte) que ces interprètes “hors-norme” connaissent leurs plus grandes heures de gloire. Les spectateurs raffolent de ces interprètes du troisième sexe, reflétant les mœurs de la noblesse d’alors, qui se réjouit de voir se réaliser sur scène un tel mélange des genres. Les castrats incarnent des rôles tantôt féminins, tantôt masculins, quand leur personnage ne se travestit pas lui-même sur scène, provoquant alors une perturbante confusion des sexualités, sans aucun souci de vraisemblance « .
Source : France musique
Une courte vie, une longue postérité : le compositeur baroque Giovanni Battista Draghi , dit Pergolesi en italien, Jean-Baptiste Pergolèse sous sa forme francisée (1710 — 1736) . Oui, seulement 26 ans d’existence pour ce compositeur du baroque tardif dont les œuvres majeures sont un Salve Regina et Stabat Mater Dolorosa, ( sacrées ) mais aussi un court intermède qui se jouait entre deux actes d’un opéra, l’intermezzo La Serva Padrona, à l’origine d’une fameuse querelle à l’âge classique.. « Près de vingt ans après sa création, elle déclenche alors en France la Querelle des Bouffons, opposant deux conceptions de l’écriture musicale et de la mise en musique du texte : d’un côté l’écriture italienne (représentée par Pergolesi et défendue en France par Rousseau) qui privilégie la mélodie accompagnée d’harmonies simples ; d’autre part l’écriture française (représentée par Rameau) fondée davantage sur la richesse harmonique. L’époque classique va dans un premier temps donner raison à Rousseau, aux Italiens, et à Pergolesi ! »
source : Eduthèque de la Philarmonie de Paris
Histoire de la musique : Suivant la Renaissance, le style Baroque s’étend sur une très longue période allant approximativement de 1600 à 1750, et correspond schématiquement à la construction progressive d’un langage musical novateur (affirmation des tonalités majeures/mineures, apparition de la basse continue…). Le Baroque tardif est la période qui se situe entre 1680 et 1750 environ. On situe le début de la musique dite ‘Classique’ à la mort de J. S. Bach, en 1750. ( Date qui marque aussi le début de la révolution industrielle en Angleterre, mais ceci est une autre histoire.. ) Conseil d’écoute : pourquoi ne pas écouter l’inépuisable Stabat Mater de Pergolèse ?
élue meilleure version par la Tribune Des Critiques de Disques de France-Musique
Addendum : voulez-vous savoir à quoi ressemblait une journée de cours pour le très jeune Farinelli au conservatoire de Naples sous la direction de Nicola Porpora ? Lisez plutôt … Carlo Broschi, nom de scène Farinelli, (1705-1782) est emmené à Naples vers 1714-1715, c’est vraisemblablement là qu’il subit la castration. Il est admis au prestigieux Conservatoire dei Poveri di Gesu Cristo. Le cursus d’études y dure 6 ans. Porpora insistait sur la précision de l’intonation, la capacité de varier le rythme, de maîtriser les variations et les embellissements improvisés. L’enseignement est copieux et rigoureux : Le matin
- Une heure de « passaggi » d’exécution difficile
- Une heure de littérature
- Une heure d’exercices de chant devant le miroir pour apprendre les avantages de la parcimonie dans la gestuelle et les inconvénients d’une abondance de gestes et de mimiques à faire en scène.
L’après-midi
- Une demi-heure de théorie musicale
- Une demi-heure de chant improvisé sur cantus firmus
- Une heure de lecture de livrets que les élèves devront plus tard pratiquer
- Enfin, exercices de respiration (ces exercices développaient la poitrine et les poumons des adolescents dans des proportions exceptionnelles, avec pour résultat d’obtenir une grande puissance sonore et une longueur de souffle disproportionnée par rapport aux standards actuels).